Conseil municipal du 2 octobre – Intervention de Didier Debord

 Conseil municipal du 2 octobre – Intervention de Didier Debord

AVERTISSEMENT : seul le prononcé fait foi

Monsieur le maire,

Mesdames, messieurs chers collègues,

Chers Nanterriennes et Nanterriens,

Le décès brutal et violent de Nahel nous a tous bouleversés en tant qu’élus bien sûr, en tant que nanterrien, en tant que parents, en tant que citoyen tout simplement.

Face à cette horrible tragédie, la colère de nos concitoyens s’est exprimée de manière vive, parfois inédite et s’est très rapidement propagée à l’ensemble de notre pays. Au-delà, c’est l’expression d’une douleur indescriptible et profonde que notre jeunesse a voulu extérioriser à cette occasion, comme pour nous dire « Ça suffit ! ». Une colère que nous élus comme personnel administratif avons reçus comme signe d’une désespérance profonde mais parfois de manière brutale, à l’instar de nos collègues pris à partie, voire menacés dans l’exercice de leurs fonctions durant cette crise.

Certains commentateurs et responsables politiques n’ont pas résisté à la tentation de résumer cette colère à une haine envers la police et plus généralement les institutions de la République. Si tout naturellement, nous condamnons les débordements et dégradations de bien public qui se sont produits dans les jours qui ont suivi la mort de Nahel, il est en revanche inacceptable de caricaturer, voire de mépriser avec dédain, les sentiments et le désarroi d’une partie de nos concitoyens. La crise que nous avons subie l’été dernier nous rappelle, de manière implacable, notre devoir d’engagement envers les plus fragiles et les plus vulnérables de notre société. Engagement notamment à réaffirmer un pacte républicain et une cohésion sociale de plus en plus bafoués au fil des décennies et des promesses reniées.

Cette confiance brisée ne pourra, cependant, être restaurée si nous ne traitons pas avec sérieux et détermination certains malaises profonds.

En effet, Parmi ceux-ci, les évènements de l’été dernier doivent sonner comme une prise salutaire de conscience sur l’urgente nécessité de rétablir les conditions d’un dialogue apaisé et d’une foi retrouvée envers les institutions de notre République. Je pense notamment aux forces de l’ordre. Si je tiens à saluer leur engagement et leur mobilisation durant cette période difficile, nous devons malgré tout faire preuve de lucidité quant à l’action de notre police nationale, dont le comportement et les dérives de certains de ses membres portent profondément atteinte à son image ainsi qu’à sa réputation.

Combien d’humiliations du quotidien, de violences commises par certains policiers, non filmées ?

Il faut que ce sujet ne soit plus tabou car, si le gouvernement s’est empressé ici de reconnaître je cite « une intervention de police pas conforme aux règles », trois mois plus tard, aucune annonce du gouvernement n’a été faite par le gouvernement pour initier le traitement de ce problème.

A ce titre, il est plus que primordial de retrouver les conditions d’un dialogue permanent avec notre police, élément indispensable pour notre unité nationale. A cette fin, la proposition de la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, de mettre en place un débat national sur les relations entre police et population pourrait constituer une première étape vers un changement de paradigme qui s’impose désormais.

Ce changement de paradigme ne pourra se produire sans le concours de chacune et de chacun. Disons-le tout net, il est grand temps que l’État mais également les autres partenaires institutionnels, en premier lieu la Région et le Département, prennent enfin leurs responsabilités en tournant leurs politiques publiques vers davantage de services publics, de lutte contre toutes les discriminations et de promotion de nos territoires ainsi que de leurs forces vives.

L’ANRU, pilier de la politique de la ville, a fêté ses 20 ans cet été. Les révoltes de 2005 auraient du conduire à une réorientation profonde de la politique de l’Etat en direction des quartiers. Cela n’a pas été le cas, on a assisté à un renforcement de l’arsenal répressif en direction des quartiers.

Aujourd’hui il faut agir sur les causes sociales et institutionnelles du malaise, sur l’éducation, la culture. A Nanterre, nous le savons que trop bien et nous le réaffirmons au quotidien : c’est notre diversité, sous toutes ses formes, qui fait notre différence, notre force et qui au quotidien, nous permet de mener à bien l’objectif que nous nous sommes fixés depuis trois ans maintenant : faire de Nanterre, une ville pour toutes et tous. Une ville militante, une ville à l’écoute, qui promeut sa jeunesse et qui s’appuie sur ses nombreux atouts pour afficher avec fierté son identité et ses valeurs.

Un état d’esprit que nous sommes bien déterminés à poursuivre au nom des Nanterriennes et des Nanterriens.

Je vous remercie.

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